
27 mai 2025
27 mai 2025
Agir vite, quitte à tout casser. Le second mandat de Donald Trump semble dicté par la devise de ses amis du secteur technologique. En plus d’un emballement médiatique sans précédent, cette manière de gouverner suscite une grande incertitude chez les investisseurs. Mais qu’est-ce qui a vraiment changé depuis l’investiture de Donald Trump le 20 janvier dernier ? Au-delà de la communication incantatoire quelques mesures concrètes : 18 milliards de dollars de recettes douanières mensuelles (avril 2025), 165 milliards d’économies dans l’administration (DOGE) (pour un objectif de 1 000), et une baisse des flux migratoires (300 000 entrées sur quatre mois, contre 3,1 millions en 2024). Mais ces résultats s’accompagnent d’une forte volatilité sur les marchés financiers.
Depuis l’arrivée de Trump au pouvoir, l’incertitude provoquée par les revirements successifs de la politique commerciale pèse sur les actions américaines. Les valeurs technologiques, très dépendantes de la Chine pour leur production, leurs approvisionnements et leurs ventes, ont sous-performé. En Europe, les contre-performances sont restées nettement plus limitées. L’indice allemand DAX figure par exemple parmi les marchés actions les plus performants au monde, avec une hausse proche de 10 % depuis l’investiture, portée par des anticipations d’investissement en infrastructures et en défense. L’or a progressé de près de 20 %, reflet de l’incertitude ambiante. Les inquiétudes liées aux effets des hausses de droits de douane gagnent aussi l’économie réelle : la confiance des consommateurs américains s’est détériorée, et la cote de popularité de Trump est historiquement basse. Quant à la Fed, elle se retrouve face à un dilemme : soutenir l’économie au risque d’alimenter l’inflation, ou rester ferme au risque d’accentuer la récession. La Réserve fédérale n’a pas encore renoncé à l’espoir d’un atterrissage en douceur, mais les risques liés à une posture attentiste ne cessent de s’accroître.
Quelles forces peuvent encore impulser une reprise économique et boursière ? Les soubresauts de la politique tarifaire éclipsent clairement les promesses de campagne de Donald Trump, notamment : impôt sur les sociétés ramené à 15 % pour les entreprises produisant sur le sol américain et vague de déréglementation pour stimuler l’innovation et libérer le potentiel de croissance des États-Unis. Même si les pertes enregistrées depuis le 2 avril (date du « Liberation Day ») ont été en grande partie effacées, les perspectives restent fragiles pour les actions américaines.
L’une des raisons majeures tient à la manière dont Trump a réagi aux turbulences provoquées par sa rhétorique. Trump souffle le chaud et le froid : il entretient l’idée d’un apaisement tarifaire tout en critiquant la Fed sans vouloir limoger Jerome Powell. Le fameux « Trump Put » – une forme de soutien implicite aux marchés – semble exister. Les perspectives macroéconomiques montrent également quelques signaux positifs : à ce stade, les données mesurant effectivement l'activité économique (« hard data ») restent solides tant en Europe qu’aux États-Unis, l’économie demeure stable, et la probabilité de récession aux US a fortement reflué. Ce constat est renforcé par la baisse des prix du pétrole et l’atténuation du risque de remontée des taux. Enfin, les fondamentaux des entreprises résistent bien, le ton des dirigeants reste globalement optimiste, et les ajustements des séquences bénéficiaires ont déjà eu lieu. En revanche, le marché du crédit demeure fragile, notamment sur le High Yield.
Au-delà des défis de court terme pour les marchés financiers, des risques de long terme se profilent également. De plus en plus d’observateurs se demandent si le protectionnisme de Trump n’est pas en train de fragiliser les piliers de l’hégémonie américaine : domination du dollar, attractivité des bons du Trésor, déficit courant soutenant la demande d’actifs US, et puissance militaire. La Chine rattrape son retard dans la course à l’IA, l’ordre sécuritaire mondial se fissure, et des pays comme l’Allemagne investissent massivement. Cette situation ouvre de nouvelles perspectives en dehors des États-Unis pour les investisseurs, qui pourraient peu à peu délaisser le slogan MAGA (Make America Great Again) au profit d’un MEGA (Make Europe Great Again). Pour autant les États-Unis conservent des atouts majeurs : statut de monnaie de réserve du dollar, profondeur inégalée de leurs marchés (50 000 milliards de dollars en actions, 62 000 en obligations), et avance large en matière de productivité. Si l’IA améliore encore cette dernière, cet avantage pourrait croître. Reste donc à savoir si ces 100 premiers jours de Trump 2.0 marqueront un véritable tournant dans l’histoire mondiale… ou si l’on ne s’en souviendra que comme d’une simple note de bas de page.
Difficile de dire, à ce stade, si nous verrons davantage de fumée blanche que noire se dégager au cours des 1 300 jours qui nous séparent de la prochaine élection présidentielle américaine. Plutôt que de se livrer à des prédictions hasardeuses, tournons le regard vers le court terme.
Fumée grise sur les actions : malgré une saison de résultats légèrement meilleure qu’attendue, le contexte macro-économique incertain, conjugué au rebond rapide des marchés actions et à des valorisations élevées, plaide pour une pause sur le marché actions. Dans ce contexte, nous recommandons une sous-exposition tactique aux actions, avec une préférence pour les actifs hors États-Unis, notamment certains marchés émergents et l’Europe. Nous privilégions les entreprises européennes à ancrage domestique et à rendement élevé, les banques de la zone euro offrant encore un potentiel significatif. Par ailleurs, nous maintenons nos positions sur les grands thèmes de croissance structurelle tels que l’intelligence artificielle et la défense européenne.
Fumée grise sur la duration : nous réduisons la duration, principalement sur la dette souveraine américaine. En revanche, nous maintenons une position légèrement longue sur les pays Core de la zone euro, en raison de la poursuite du processus de désinflation et du soutien de la BCE.
Fumée noire sur le High Yield : nous restons prudents vis-à-vis du risque de crédit. Les niveaux de spreads demeurant bas en valeur absolue, ils n’offrent pas une rémunération suffisante pour compenser l’incertitude accrue, la volatilité des marchés et le risque non nul de récession, en particulier sur le segment du High Yield à duration longue. À l’inverse, les segments Investment Grade et High Yield à duration courte continuent d’offrir, en relatif, des rendements attractifs et d’un potentiel de baisse limité.
Fumée blanche pour l’euro, le pétrole et l’or : nous continuons de privilégier l’euro par rapport au dollar, tout en diversifiant notre exposition vers certaines devises locales de pays émergents. Nous conservons également notre exposition au pétrole et à l’or.
Il reste 1 300 jours avant la prochaine élection présidentielle américaine. Après seulement 100 jours de Trump 2.0, force est de constater que les rebondissements sont déjà bien plus nombreux qu’on ne l’imaginait. La prudence sur les actifs risqués que nous recommandons aujourd’hui ne durera pas ad vitam aeternam. Si la fortune sourit aux audacieux (audaces fortuna juvat) sur les marchés, patience et carpe diem semblent incarner une posture bien plus sage à très court terme, en attendant l’apparition d’une fumée définitivement blanche.
La performance passée n'est pas un indicateur fiable des rendements futurs et est sujette à des fluctuations dans le temps. La performance des investissements en devises étrangères peut augmenter ou diminuer en raison des fluctuations des taux de change. Les pays émergents peuvent être confrontés à davantage de défis politiques, économiques ou structurels que les pays développés, ce qui peut entraîner un risque plus élevé.
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